Citation de Pablo Neruda

mardi 30 juin 2009

EL VIAJE DEL WINNIPEG

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LE WINNIPEG TRAVERSE LE LAC GATUN ZONE CANAL PANAMA AOUT 1939



Yo sentía en los dedos
las semillas
de España
que rescaté yo mismo y esparcí
sobre el mar, dirigidas
a la paz
de las praderas. (1)


El 4 de Agosto de 2019 se celebrará el octogésimo aniversario del «poema» que Pablo Neruda consideraba el más importante de su obra. Poema alado que emprendió su vuelo «por primera vez en un atracadero de vapores, cerca de Burdeos(2)

Este poema es el viaje del «Winnipeg» el barco de la esperanza.

El «Winnipeg» era un navío de carga francés de 9.717 toneladas, de la «Compagnie Générale Transatlantique» (C.G.T.) y había comenzado sus servicios en 1918 con el nombre de «Jacques Cartier». Fue utilizado más tarde como buque escuela para los oficiales de la misma compañía. En 1929 fue rebautizado «Winnipeg» y afectado a las líneas del Pacífico Norte. En 1938 fue cedido a la «Compagnie France Navigation» (C.F.N.), y tomó el nombre de «Paimpol».

El Gobierno Republicano en el exilio, a través del servicio de Evacuación de Refugiados Españoles (SERE), contrató el vapor «Winnipeg» para efectuar el viaje de la esperanza. En uno de los muelles del puerto de Trompeloup, en el estuario de la Gironda, fue transformado en buque de transporte de pasajeros.

El Winnipeg llevó consigo más de dos mil republicanos españoles, de entre los vencidos de la guerra civil. Neruda los vino a buscar a Francia por encargo del gobierno del Frente Popular chileno, que presidía Pedro Aguirre Cerda.

Después de una travesía de casi un mes, el barco llegó a Chile y luego de una escala en Arica amarró en el puerto de Valparaíso el 3 de septiembre del mismo año.


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Républicains refugies espagnols débarquent du « Winnipeg » à Valparaiso 03-09-1939

Sus pasajeros fueron cálidamente acogidos por las autoridades locales, y de entre estos miles de refugiados españoles, muchos se integrarían con éxito a la nación sudamericana, algunos de ellos en roles relevantes en la política, la cultura, la prensa y las artes.


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HOMMAGE DES REFUGIES ESPAGNOLS A PEDRO AGUIRRE CERDA EN ARRIVANT A VALPARAISO 03-09-1939


El 26 de mayo de 1941, el «Winnipeg» fue capturado con 750 personas a bordo, cerca de las costas de la Martinique por el navío de comunicaciones holandés «Van Kinsbergen». Una orden de captura pesaba sobre las naves bajo pabellón francés, entonces al servicio del gobierno de Vichy. El mismo año es incorporado a las tropas aliadas por el gobierno británico como «Winnipeg II». El 22 de octubre de 1942, mientras navegaba en un convoy aliado, es torpedeado y hundido en el Atlántico Norte por el submarino alemán U-443.

«Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie. »(2)

M.C.


(1) Misión de amor. “Memorial de Isla Negra”. Editorial Losada, Buenos Aires, 1964.

(2) El Winnipeg y otros poemas. Para nacer he nacido. Seix Barral, Barcelona 1978.

jeudi 25 juin 2009

MISSION D'AMOUR




Et je les mis sur mon bateau.
C'était en plein jour et la France
eut cette fois sa robe d'apparat
quotidienne,
il y avait
la clarté du vin et de l'air
dans sa tunique de déesse forestière.
Mon navire attendait avec
son nom lointain
« Winnipeg »
collé à la jetée du jardin embrasé,
aux vieux raisins obstinés de l'Europe.
Pourtant mes Espagnols ne venaient pas
de Versailles,
du bal argenté,
des tapis anciens, amarante,
des coupes qui trillent
avec le vin,
non, ils ne venaient pas de là,
non, ils ne venaient pas de là.
De plus loin,
des camps et des maisons d'arrêt,
des sables noirs
du Sahara,
des cachettes inclémentes
où ils gisaient
dans la faim et la nudité,
là vers
mon bateau clair,
vers mon navire à l'ancre, vers l'espoir
ils accoururent l'un après l'autre
à mon appel, de leurs prisons,
des forteresses
d'une France qui chancelait,
par ma bouche appelés
ils accoururent,
«Saavedra», dis-je, et je vis venir le maçon,
«Zuñiga» dis-je, et «Zuñiga» était présent,
«Roces», et Roces arriva avec son sourire sévère,
je criai «Alberti !», et la poésie accourut
avec ses mains de quartz.
Paysans, menuisiers.
pêcheurs,
tourneurs, mécaniciens,
potiers,
tanneurs :
comme il se peuplait le bateau
qui s'en allait vers ma patrie.
Je sentais dans mes doigts
les graines
de l'Espagne
que je rachetai, que je répandis
sur la mer, destinées
à la paix
des prairies.

MÉMORIAL DE L'ÎLE NOIRE suivi d'ENCORE [1977], trad. de l'espagnol par Claude Couffon , pages 121-123. Collection Poésie/Gallimard. Première édition, [1970], Collection Du monde entier, Gallimard -poes.

mercredi 24 juin 2009

Misión de amor


Yo los puse en mi barco.
Era de día y Francia
su vestido de lujo
de cada día tuvo aquella vez,
fue
la misma claridad de vino y aire
su ropaje de diosa forestal.
Mi navío esperaba
con su remoto nombre “Winnipeg”
Pero mis españoles no venían
de Versalles,
del baile plateado,
de las viejas alfombras de amaranto,
de las copas que trinan
con el vino,
no, de allí no venían,
no, de allí no venían.
De más lejos,
de campos de prisiones,
de las arenas negras
del Sahara,
de ásperos escondrijos
donde yacieron
hambrientos y desnudos,
allí a mi barco claro,
al navío en el mar, a la esperanza
acudieron llamados uno a uno
por mí, desde sus cárceles,
desde las fortalezas
de Francia tambaleante
por mi boca llamados
acudieron,
Saavedra, dije, y vino el albañil,
Zúñiga, dije, y allí estaba,
Roces, llamé, y llegó con severa sonrisa,
grité, Alberti! y con manos de cuarzo
acudió la poesía.
Labriegos, carpinteros,
pescadores,
torneros, maquinistas,
alfareros, curtidores:
se iba poblando el barco
que partía a mi patria.
Yo sentía en los dedos
las semillas
de España
que rescaté yo mismo y esparcí
sobre el mar, dirigidas
a la paz
de las praderas.


“Memorial de Isla Negra”, Planeta Internacional S. A. 1990, Páginas 121-123. Primera edición, Buenos Aires, Editorial Losada, 1964

« FAITES VENIR DES ESPAGNOLS »



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Sculpture monumentale de l'ancien président Pedro Aguirre Cerda

Mais la vie me délogea vite de ma retraite.

Les nouvelles effroyables de l'émigration espagnole arrivaient au Chili. Plus de cinq cent mille hommes et femmes, combattants et civils, avaient franchi la frontière française. En France, le gouvernement de Léon Blum, pressé par la réaction, les entassait dans des camps de concentration, les répartissait dans les forteresses et les prisons, les parquait dans les provinces, d'Afrique, aux confins du Sahara.

Le Chili avait changé de gouvernement. Les malheurs du peuple espagnol avaient raffermi nos forces, populaires et nous avions maintenant un gouvernement progressiste.

Ce gouvernement de front populaire chilien décide de m'envoyer en France accomplir la mission la plus noble que j'aie jamais exercée dans ma vie : arracher les Espagnols à leurs prisons et leur offrir l'hospitalité de ma patrie. Ma poésie pourrait ainsi se répandre, comme une lumière radieuse venue d'Amérique, parmi ces masses humaines chargées de souffrance et d'héroïsme. Ma poésie réussirait ainsi à se confondre avec l'aide matérielle de l'Amérique qui, en accueillant les espagnols, payait une dette immémoriale.

Presque invalide, opéré depuis peu, une jambe dans le plâtre - telle était ma condition physique en ces journées, je quittai ma solitude et rendis visite au président de la République. Don Pedro Aguirre Cerda me reçut affectueusement

- Oui, faites venir des milliers d'Espagnols. Nous avons du travail pour tous. Faites venir des pêcheurs; des Basques, des Castillans, des Estrémègnes.

Et quelques jours plus tard, avec ma jambe toujours plâtrée, je partis pour la France chercher les futurs Espagnols du Chili.

J'avais un poste bien défini. J'étais, d'après mon avis de nomination, consul chargé de l'immigration espagnole. Je me présentai en exhibant mes titres à l'Ambassade du Chili à Paris.

Si le gouvernement et la situation politique n'étaient plus les mêmes dans mon pays, notre ambassade à Paris, elle, n'avait pas changé. La possibilité d'envoyer des Espagnols au Chili rendait furieux nos diplomates gominés. On m'installa dans un bureau voisin de la cuisine, et l'hostilité prit une telle acuité que l'on me refusait jusqu'au papier à lettres. Déjà la vague des «indésirables» atteignait les portes de l'ambassade anciens combattants blessés, juristes et écrivains, médecins qui avaient perdu leurs cliniques, ouvriers de toutes les spécialités.

Comme ils se frayaient un passage contre vents et marées jusqu'à mon bureau, et que celui-ci était situé au quatrième étage, on eut une idée diabolique suspendre le fonctionnement de l'ascenseur. Beaucoup d'Espagnols étaient des blessés de guerre et des survivants des camps de concentration ; cela me déchirait le cœur de les voir monter péniblement tous ces étages tandis que les fonctionnaires féroces s'amusaient des mes difficultés.

J'avoue que j'ai vécu. (Mémoires) Editions Gallimard, 1975. Pages 214-215. Traduits de l’espagnol par Claude Couffon.

mardi 23 juin 2009

"TRÁIGAME ESPAÑOLES"

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Pedro Aguirre Cerda 1879—1941


Pero la vida me sacó de inmediato de allí.

Las noticias aterradoras de la emigración española llegaban a Chile. Más de quinientos mil hombres y mujeres, combatientes y civiles, habían cruzado la frontera francesa. En Francia, el gobierno de Léon Blum, presionado por las fuerzas reaccionarias, los acumuló en campos de concentración, los repartió en fortalezas y prisiones, los mantuvo amontonados en las regiones africanas, junto al Sahara.

El gobierno de Chile había cambiado. Los mismos avatares del pueblo español habían robustecido las fuerzas populares chilenas y ahora teníamos un gobierno progresista.

Ese gobierno del Frente Popular de Chile decidió enviarme a Francia, a cumplir la más noble misión que he ejercido en mi vida: la de sacar españoles de sus prisiones y enviarlos a mi patria. Así podría mi poesía desparramarse como una luz radiante, venida desde América, entre esos montones de hombres cargados como nadie de sufrimiento y heroísmo. Así mi poesía llegaría a confundirse con la ayuda material de América que, al recibir a los españoles, pagaba una deuda inmemorial.

Casi inválido, recién operado, enyesado en una pierna -tal eran mis condiciones físicas en aquel momento salí de mi retiro y me presenté al presidente de la república. Don Pedro Aguirre Cerda me recibió con afecto.

-Sí, tráigame millares de españoles. Tenemos trabajo para todos. Tráigame pescadores; tráigame vascos, castellanos, extremeños.

Y a los pocos días, aún enyesado, salí para Francia a buscar españoles para Chile.

Tenía un cargo concreto. Era cónsul encargado de la inmigración española; así decía el nombramiento. Me presenté luciendo mis títulos a la embajada de Chile en París.

Gobierno y situación política no eran los mismos en mi patria, pero la embajada en París no había cambiado. La posibilidad de enviar españoles a Chile enfurecía a los engomados diplomáticos. Me instalaron en un despacho cerca de la cocina, me hostilizaron en todas las formas hasta negarme el papel de escribir. Ya comenzaba a llegar a las puertas del edificio de la embajada la ola de los indeseables: combatientes heridos, juristas y escritores, profesionales que habían perdido sus clínicas, obreros de todas las especialidades.

Como se abrían paso contra viento y marea hasta mi despacho, y como mi oficina estaba en el cuarto piso, idearon algo diabólico: suspendieron el funcionamiento del ascensor. Muchos de los españoles eran heridos de guerra y sobrevivientes del campo africano de concentración, y me desgarraba el corazón verlos subir penosamente hasta mi cuarto piso, mientras los feroces funcionarios se solazaban con mis dificultades.


Confieso que he vivido, Memorias. Editorial Losada, Quinta Edición: Buenos Aires, 15 - IV - 1976, Páginas 191-192.
Primera Edición, Editorial Losada, S. A. Buenos Aires, 1974.

EL WINNIPEG Y OTROS POEMAS


PHOTO WALTER EDWIN FROST
me gustó desde un comienzo la palabra Winnipeg. Las palabras tienen alas o no las tienen. Las ásperas se quedan pegadas al papel, a la mesa, a la tierra. La palabra Winnipeg es alada. La vi volar por primera vez en un atracadero de vapores, cerca de Burdeos. Era un hermoso barco viejo, con esa dignidad que dan los siete mares a lo largo del tiempo. Lo cierto es que nunca llevó aquel barco más de setenta u ochenta personas a bordo. Lo demás fue cacao, copra, sacos de café y de arroz, minerales. Ahora le estaba destinado un cargamento más importante: la esperanza.

Ante mi vista, bajo mi dirección, el navío debía llenarse con dos mil hombres y mujeres. Venían de campos de concentración, de inhóspitas regiones, del desierto, del África. Venían de la angustia, de la derrota, y este barco debía llenarse con ellos para traerlos a las costas de Chile, a mi propio mundo que los acogía. Eran los combatientes españoles que cruzaron la frontera de Francia hacia un exilio que dura más de 30 años.

La guerra civil -e incivil- de España agonizaba en esta forma: con gentes semiprisioneras, acumuladas por aquí y allá, metidas en fortalezas, hacinadas durmiendo en el suelo sobre la arena. El éxodo rompió el corazón del máximo poeta don Antonio Machado. Apenas cruzó la frontera se terminó su vida. Todavía con restos de sus uniformes, soldados de la República llevaron su ataúd al cementerio de Collioure. Allí sigue enterrado aquel andaluz que cantó como nadie los campos de Castilla.



Yo no pensé, cuando viajé de Chile a Francia, en los azares, dificultades y adversidades que encontraría en mi misión. Mi país necesitaba capacidades calificadas, hombres de voluntad creadora. Necesitábamos especialistas. El mar chileno me había pedido pescadores. Las minas me pedían ingenieros. Los campos, tractoristas. Los primeros motores Diesel me habían encargado mecánicos de precisión.
Recoger a estos seres desperdigados, escogerlos en los más remotos campamentos y llevarlos hasta aquel día azul, frente al mar de Francia, donde suavemente se mecía el barco Winnipeg, fue cosa grave, fue asunto enredado, fue trabajo de devoción y desesperación.

Se organizó el SERE, organismo de ayuda solidaria. La ayuda venía, por una parte, de los últimos dineros del gobierno republicano y, por otra, de aquella que para mí sigue siendo una institución misteriosa: la de los cuáqueros.

Me declaro abominablemente ignorante en lo que a religiones se refiere. Esa lucha contra el pecado en que éstas se especializan me alejó en mi juventud de todos los credos y esta actitud superficial, de indiferencia, ha persistido toda mi vida. La verdad es que en el puerto de embarque aparecieron estos magníficos sectarios que pagaban la mitad de cada pasaje español hacia la libertad sin discriminar entre ateos o creyentes, entre pecadores o pescadores. Desde entonces cuando en alguna parte leo la palabra cuáquero le hago una reverencia mental.

Los trenes llegaban de continuo hasta el embarcadero. Las mujeres reconocían a sus maridos por las ventanillas de los vagones. Habían estado separados desde el fin de la guerra. Y allí se veían por primera vez frente al barco que los esperaba. Nunca me tocó presenciar abrazos, sollozos, besos, apretones, carcajadas de dramatismo tan delirantes.
Luego venían los mesones para la documentación, identificación, sanidad. Mis colaboradores, secretarios, cónsules, amigos, a lo largo de las mesas, eran una especie de tribunal del purgatorio. Y yo, por primera y última vez, debo haber parecido Júpiter a los emigrados. Yo decretaba el últimos[ o el último No. Pero yo soy más sí que No, de modo que siempre dije si. '

Pero, véase bien, estuve a punto de estampar una negativa. Por suerte comprendí a tiempo y me libré de aquel NO.

Sucede que se presentó ante mí un castellano, paletó de blusa negra, abuchonada en las mangas. Ese blusón era uniforme en los campesinos manchegos. Allí estaba aquel hombre maduro, de arrugas profundísimas en el rostro quemado, con su mujer y sus siete hijos.

Al examinar la tarjeta con sus datos, le pregunté sorprendido:
-Usted es trabajador del corcho?
-Sí, señor -me contestó severamente.
-Hay aquí una equivocación -le repliqué-. En Chile no hay alcornoques. Qué haría usted por allá?
-Pues, los habrá -me respondió el campesino.
-Suba al barco -le dije-. Usted es de los hombres que necesitamos.

Y él, con el mismo orgullo de su respuesta y seguido de sus siete hijos, comenzó a subir las escalas del barco Winnipeg. Mucho después quedó probada la razón de aquel español inquebrantable: hubo alcornoques y, por lo tanto, ahora hay corcho en Chile.

Estaban ya a bordo casi todos mis buenos sobrinos, peregrinos hacia tierras desconocidas, y me preparaba yo a descansar de la dura tarea, pero mis emociones parecían no terminar nunca. El gobierno de Chile, presionado y combatido, me dirigía un mensaje: «INFORMACIONES DE PRENSA SOSTIENEN USTED EFECTÚA INMIGRACIÓN MASIVA ESPAÑOLES. RUÉGOLE DESMENTIR NOTICIA O CANCELAR VIAJE EMIGRADOS.»

Qué hacer?

Una solución: Llamar a la prensa, mostrarle el barco repleto con dos mil españoles, leer el telegrama con voz solemne y acto seguido dispararme un tiro en la cabeza.

Otra solución: Partir yo mismo en el barco con mis emigrados y desembarcar en Chile por la razón o la poesía.

Antes de adoptar determinación alguna me fui al teléfono y hablé al Ministerio de Relaciones Exteriores de mi país. Era difícil hablar a larga distancia en 1939. Pero mi indignación y mi angustia se oyeron a través de océanos y cordilleras y el Ministro solidarizó conmigo. Después de una incruenta crisis de Gabinete, el Winnípeg, cargado con dos mil republicanos que cantaban y lloraban, levó anclas y enderezó rumbo a Valparaíso.

Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie.

Para nacer he nacido. Seix Barral. Edición Especial para la revista "Ñ". Enero 2005. Páginas 264-268. La primera edición fue preparada por Matilde Urrutia y Miguel Otero Silva, 1977 y editada en Barcelona por Seix Barral, 1978.

jeudi 18 juin 2009

LE POÈTE EVGUENI EVTOUCHENKO AU CHILI

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Décoration du poète russe Yevgueni Yevtushenko au Chili
[ Evgueni Evtuchenko ] Foto Alex Ibañez
Certains de ses textes ont été mis en musique par de grands compositeurs: la Symphonie N º 13 «Babi Yar», poèmes orchestrés par Chostakovitch en 1962 pour la Philharmonique de Moscou. Dans cette oeuvre, qui fut un grand événement lors de sa sortie, Evtuchenko dénonce les massacres des Juifs d'Ukraine durant l'occupation nazi.

Personnalité exubérante, Neruda le qualifie poétiquement de "fou" et de "clown", quand il lui écrit et dédie le poème XIV de son oeuvre posthume « Elégie » (Oeuvres complètes, tome III),- dont le titre original était « Élégie de Moscou »-, dans lequel il parle de l'amitié qui les unissait et rend compte de son combat pour la paix et la justice.

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Pablo Neruda et Evgueni Evtuchenko. Photo Fondation Neruda

Evtuchenko avait déjà visité le Chili à d'autres occasions, la première fois en 1967, invité par Neruda. L'année suivante, Neruda traduit le poème "La mer", d'Evgueni Evtuchenko, publié dans le journal El Siglo de Santiago le 21 janvier 1968.
Ses prises de position en faveur de la paix mondiale sont célèbres, en particulier sa correspondance en 1966 avec John Steinbeck, prix Nobel américain de littérature, à propos de l'intervention militaire des États-Unis au Vietnam.

Les relations de l’écrivain avec le pouvoir soviétique n’ont pas toujours été cordiales, et son indignation resta intacte toutes les fois où une critique des exactions commises par son propre gouvernement en Tchétchénie fut nécessaire, lui inspirant «douleur et honte ».

Evgueni Evtuchenko a derrière lui une très vaste œuvre poétique, il fut député du Soviet suprême, bien que -comme il déclare- il n’a «jamais été communiste ni anticommuniste»; l'écrivain continue de travailler dans le domaine de la cinématographie et enseigne actuellement dans une grande université nord-américaine.

Evtuchenko réalisa, durant son séjour à Santiago, le lancement de son dernier livre de poésie traduit en espagnol «Caminando sobre el tejado» («En Marchant sur le Toit», aux Éditions LOM), dans la Salle Amérique de la Bibliothèque Nationale du Chili. Il effectua également un récital de poésie dans la maison que Pablo Neruda baptisa «La Chascona» -mot quechua signifiant «Emmêlée, ébouriffée, échevelée, dépeignée»,– surnom que Neruda avait attribué à Matilde Urrutia, sa dernière épouse.

mardi 16 juin 2009

EL MAR DE EVGUENI EVTOUCHENKO


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TREN DE PASAJEROS DE LA LÍNEA DE MOSCÚ
A SUJUMI EN LA ESTACIÓN DE PSYRTSKHA, NOVI AFON

PHOTO SERGEI RUBLIOV 




El tren «Moscú-Sujumi» se hundía en las montañas.

Ya se hablaba

del mar.

Ya los estudiantes

en los bancos vecinos,

abandonaban su ajedrez o sus naipes.

En el pasillo se amontonaban los

que miraban por las ventanillas:

«Un instante, va a aparecer el mar!».

Algunos viajeros

apoyándose en los hombros de sus camaradas

rememoraban

sus citas con el mar.

Para mí,

en los museos, en las habitaciones,

el mar estaba suspendido en un marco, y bajo vidrio.

Antes nunca lo vi sino pintado,

nunca lo conocí sino en los libros.

Toqué de nuevo la mano del vecino

y con obstinación continué preguntando:

«Díganme,

esta muy cerca?

Como es?».

«Paciencia,

vas a verlo tu mismo en un instante! »

De pronto

en un vaivén el tren

entra al espacio
y de inmediato

nada más en el mundo:

No ha quedado nada

alrededor mío: solamente el mar.

Todo se ha callado

salvo su rumor.

Recordé de repente

que así me pasó antes.

Sí,

el mismo sentimiento,

pero aún más intenso,

cuando aún yo no había saboreado el amor

y no lo conocía sino por los libros.

Reprochando al amor su indiferencia

acosé a mis amigos con preguntas:

«Díganme,

está muy cerca? Y cómo es?».

«Paciencia!

Lo aprenderás tú mismo! »

Me pasó con el mar

como con el amor:

cuando éste entró en mi vida

desapareció todo,

sólo él vivió en el mundo

y no oí nada más

que su palabra.

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Estación de Sujumi. Photo Игорь С

Traducción de Pablo Neruda, en Obras completas tomo V , Nerudiana dispersa II p. 1275. Edición de Hernán Loyola. Galaxia Gutemberg 2002.
Publicado en el diario El Siglo, Santiago, 21 de enero 1968