Citation de Pablo Neruda

samedi 10 octobre 2015

« CANTO DE MULTITUDES » : UN CHANT POUR LA LIBERTÉ UNIVERSELLE

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IILLUSTRATION DE L'ARTISTE PEINTRE  MEXICAIN DIEGO RIVERA, POUR L'ÉDITION PRINCEPS DU CHANT GÉNÉRAL 1950

En 1938, au lendemain de la mort de son père, il commença à écrire Le Canto General, poème épique en quinze chants (342 poèmes) en l’honneur de l’Amérique, de sa nature et de ses peuples. En 1948 il entre dans la clandestinité et poursuit l’écriture de cette oeuvre magistrale dans l’isolement et l’urgence. L'œuvre intranquille met en lumière les faits les plus obscurs des hommes mais aussi la solidarité du peuple et ses espoirs.



Cette poésie de chair, nourrie par la vie ne pouvait qu’inspirer les artistes du réseau imuZZic, collectif de musiciens de jazz et musiques improvisées, attachés à l’esprit de résistance et créateurs d’une musique sans concession.

C’est le trompettiste Rémi Gaudillat qui signe toutes les compositions de Canto de multitudes (sauf une). Leader du très joyeux Docteur Lester Brass Band inspiré du Brass Fantasy de Lester Bowie, et du Possible(s) Quartet, fanfare à vents poétique et déjantée, il participe régulièrement aux projets du réseau ImuZZic emmené par le batteur Bruno Tocanne. Parmi leurs travaux communs, citons in A Suggestive Way, la très belle série des Dreams du batteur, les créations du grand orchestre Libre(s)Ensemble, l' hommage à Syd Barrett de l' i.overdrive trio mené par Philippe Gordiani, ou encore Over the Hills, la création ambitieuse inspirée de la fresque Escalator over the hill de Carla Bley. Les voici à nouveau réunis sur ce magnifique Canto de multitudes :


Avec Lucia Recio à la voix ( 32 Janvier, Torero Loco, collectif ARFI ), la fabuleuse clarinettiste Elodie Pasquier ( Collectif le Grolektif, duo orTie, The Very Big Experimental Toubifri Orchestra, Quintet Mona ...) et Bernard Santacruz à la contrebasse ( Bernard Santacruz Quartet et autres collaborations avec Charles Tyler, Frank Lowe, Dennis Charles...), ils forment une équipe de choc qui a su déployer avec force et finesse toute la sensibilité et toute la rage qu’invoque le sujet.





Rémi Gaudillat, souligne pour FIP "l’importance de la voix, du chant, du cri" de Lucia Recio. Il salue "le fabuleux travail de la chanteuse protéiforme, incarnant chaque texte avec intensité, criant, hurlant, chuchotant, murmurant, soufflant". Lorsque la bouillonnante artiste d’origine andalouse déclame et chante les mots du poète en français et en espagnol, les frissons affleurent. On est fasciné par ses multiples voix reflétant celles, mystérieuses, de Pablo Neruda dont les sens ont connaissance d’un monde que peu de gens perçoivent : "Le jeu des instruments à vent explore la matière du son pour être au plus près du timbre de la voix . On retrouve cette recherche de la matière, la volonté de colorer les mélodies, de faire chanter leur instrument, chez Bruno Tocanne et Bernard Santacruz" qui assurent aussi l'assise rythmique. Les compositions évocatrices, les arrangements lumineux, le jeu élégant et éclatant, tantôt rageur, tantôt léger et fier de chaque comparse, servent avec humilité, grâce et panache la poésie de celui que Gabriel Garcia Marquez appelait « le plus grand poète du XXe » .



Ici prend fin ce livre né de la colère comme une braise, comme les territoires de forêts incendiées, et je désire que, tel un arbre rouge, il continue à propager sa flamme claire. Mais dans ses branches tu n’as pas trouvé que la colère ; si ces racines ont cherché la douleur, elles cherchèrent aussi la force, et je suis cette force de pierre pensive, cette joie de mains rassemblées.  
Final du Canto general de Pablo Neruda 

L'album Canto de multitudes sort le 17 octobre 2015 sur Le Petit label, à l'occasion du 1er Forum Jazz en Rhône-Alpes organisé par JAZZ(s)RA. Le premier concert de sortie aura lieu le soir même à l'Auditorium de Seynod (74).
Catherine Carette

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samedi 3 octobre 2015

CHILI: LES RESTES DU POÈTE NERUDA SERONT À NOUVEAU ANALYSÉS

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UN BUSTE DU POÈTE CHILIEN PABLO NERUDA, LE 13 NOVEMBRE 2014 À PÉKIN. PHOTO GOH CHAI HIN

Santiago du Chili - Un groupe international de treize experts analysera à nouveau les restes du poète et prix Nobel chilien Pablo Neruda pour déterminer l'origine d'une bactérie infectieuse récemment décelée et savoir s'il a été empoisonné sous la dictature d'Augusto Pinochet, a annoncé vendredi le Chili. 
L'examen réalisé en mai par des experts espagnols avait révélé la présence massive, dans ses restes, de trois types de protéines bactériennes, les deux premiers associés au cancer avancé de la prostate dont souffrait le poète et mentionné comme la cause officielle de sa mort.

Mais concernant le troisième groupe de bactéries, des staphylocoques dorés, les spécialistes avaient jugé « très difficile d'établir ou d'exclure la présence d'un processus infectieux aigu dans les dernières heures de la vie du poète », selon les autorités chiliennes. 

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Le nouveau groupe d'experts chiliens, espagnols, américains, canadiens et danois va tenter de déterminer l'origine de cette bactérie et si celle-ci est liée à la mort de Neruda le 23 septembre 1973, 12 jours après le coup d'Etat qui a renversé le président socialiste Salvador Allende et installé la dictature d'Augusto Pinochet qui a fait plus de 3.200 morts jusqu'en 1990. 

Selon le certificat de décès rédigé par la junte militaire, le poète est mort d'un cancer de la prostate mais selon son chauffeur de l'époque, Manuel Araya, il a succombé à une mystérieuse injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il envisageait de s'exiler pour y diriger l'opposition au général Pinochet. 

« L'objet fondamental de l'enquête est de savoir s'il est décédé de mort naturelle ou à cause de l'intervention d'un tiers », a expliqué Rodrigo Lledo, le chef du programme des droits de l'homme du ministère de l'Intérieur, au cours d'une conférence de presse vendredi. 

La bactérie en question ne se trouve pas dans la nature et pourrait avoir « été élevée dans un laboratoire », selon lui. Les experts « vont tenter de déchiffrer l'ADN de cette bactérie »

Après une longue bataille judiciaire, l'exhumation des restes de Pablo Neruda avait eu lieu il y a deux ans à Isla Negra, sur la côte centrale du Chili, dernier lieu de résidence du poète, où il était enterré.