Citation de Pablo Neruda

dimanche 15 mai 2016

CANNES 2016. CHILI: «NERUDA», LE ROAD-MOVIE DE L'EXIL POLITIQUE D'UN POÈTE


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LUIS GNECCO EST PABLO NERUDA © 2016
– FABULA – AZ FILMS – FUNNY BALLOONS –
SETEMBRO CINE. ALL RIGHTS RESERVED.
 
Porté au pouvoir grâce aux communistes, le président chilien Gabriel González Videla se retourne contre ses soutiens à la fin des années 40. Il contraint ainsi le plus célèbre d'entre eux, le poète et prix Nobel de littérature Pablo Neruda à l'exil. 
Francetv info
 

MINISTRES COMMUNISTES
SOUS GABRIEL GONZÁLEZ VIDELA
C'est cette période de la vie de cette figure majeure des arts et de la politique au Chili que le cinéaste Pablo Larraín raconte dans «Neruda».

«LE TRAÎTRE» GONZALEZ VIDELA, 
DANSE LORS D'UN DÎNER À 
WASHINGTON, DC,  AVRIL  1950
21 octobre 1946. Le président chilien Gabriel González Videla «le traître», issu des rangs du Parti radical et qui est arrivé au pouvoir grâce à une coalition comprenant le Parti communiste du Chili, demande aux ministres communistes de son gouvernement de démissionner quelques jours après la validation de son élection par le Congrès.

Volodia Teitelboim, l'émissaire du parti, lui répond par la négative, raconte Adam Feinstein, le biographe et traducteur du poète chilien, dans Pablo Neruda, a passion for life (Bloomsbury). 

COUVERTURE DE «PABLO NERUDA,
A PASSION FOR LIFE »


Persona non grata

Le chef de l'État passera outre et les évincera. Le succès des communistes aux municipales d'avril 1947 intensifie la volonté de Gabriel González Videla «le danseur de conga», de se débarrasser de ses anciens alliés. 

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08-07-1950, VISITE OFFICIELLE DU PRÉSIDENT DU CHILI À WASHINGTON; LORS DE SA VISITE À LA MAISON BLANCHE, DE GAUCHE À UNE DROITE; LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT DEAN GOODERHAM ACHESON, HORACE WALKER - LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU CHILI, ET EDWARD MILLER, LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT ADJOINT POUR LES AFFAIRES INTERAMÉRICAINS ET LE PRÉSIDENT CHILIEN GONZÁLEZ VIDELA «LE TRAÎTRE», ASSIS À DROITE DU PRÉSIDENT HARRY S. TRUMAN. 

Les premiers dénoncent un président aux ordres des États-Unis. Pour l'écrivain et journaliste Adam Feinstein, il n'est pas certain que González Videla «le traître» ait enclenché sa chasse aux sorcières contre les communistes à la demande explicite des Américains. Même si, en ce début de cette guerre froide, ces derniers souhaitent bien évidemment annihiler le mouvement politique.

À l'instar des partisans qui manifestent partout dans le pays pour exprimer leur opposition au régime, le sénateur communiste Pablo Neruda dénonce les agissements du président González Videla. 

Un an après le départ forcé des communistes du gouvernement, en octobre 1947, les mineurs de Lota (ville minière du sud du pays) lancent une grève. Elle est perçue par le pouvoir, entre autres, comme une volonté de nuire à l'économie et la première étape d'un processus visant à renverser le régime actuel et à installer une dictature communiste, écrit Adam Feinstein dans sa biographie sur Neruda.

«DISCOURS PRONONCÉ PAR LE POÈTE ET
SÉNATEUR PABLO NERUDA DANS LE SÉNAT
DE  LA  RÉPUBLIQUE LE 6 JANVIER 1948 »
Les grévistes seront finalement emprisonnés et la plupart envoyés dans le camp de Pisagua (nord du pays) que dirigera Augusto Pinochet, avant de devenir le dictateur qu'il fut. Pablo Neruda prendra la défense des mineurs.


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Le 6 janvier 1948,  l'écrivain formalise son opposition au pouvoir en prononçant un discours au Sénat. Inspiré du J’accuse d'Emile Zola, il déclare: 
« 
Seuls les communistes,  venus
de l’enfer, comme chacun sait,
peuvent critiquer notre charte 
de l’entonnoir, savante et stricte.
Cette opposition asiatique,
née chez le sous homme, il est simple 
de l’enrayer : tous en prison,
tous en camp de concentration, 
et ainsi nous resterons seuls, 
nous, les messieurs très distingués 
avec nos aimables larbins 
indiens du Parti radical.
                                      ».

Une semaine après, il enfonce le clou : « Je suis un homme persécuté », lance-t-il dans ce qui sera sa dernière intervention de sénateur. 

Les conséquences sont immédiates. En février, Neruda est radié du Sénat et un mandat d'arrêt est lancé contre lui. L'ancien directeur de campagne de González Videla (1946) est devenu son ennemi le plus célèbre. Après avoir vécu dans la clandestinité, le poète finit par prendre le chemin de l'exil. Il quitte le Chili, à cheval, en traversant la cordillère des Andes pour rejoindre le Mexique, puis l'Europe.
Chant général [Canto general], Première parution en 1977, Trad. de l'espagnol (Chili) par Claude Couffon. Glossaire et chronologie du traducteur . Collection Poésie/Gallimard (n° 182), Gallimard
Parution : 13-03-1984. Extrait du poème Promulgation de la loi de l'Entonnoir, Page 207.  



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