jeudi 5 février 2009

À FIDEL CASTRO

Fidel Castro



F
idel, Fidel, les peuples te remercient


paroles en action et faits qui chantent,

c’est pourquoi de loin je t'ai apporté

une coupe du vin de ma patrie:

il est le sang d'un peuple souterrain

qui arrive depuis l'ombre jusqu’à ta gorge,

miniers qui vivent depuis des siècles

en puisant du feu de la terre glacée.

Ils vont sous la mer chercher les charbons

Et quand ils reviennent ce sont des fantômes:

Habitués à la nuit éternelle,

on leur a volé la lumière du jour

et cependant tu as ici la coupe

d’autant de souffrances et de distances:

l’allégresse de l'homme emprisonné,

peuplé par des ténèbres et des espoirs

qui à l’intérieur de la mine sait quand

le printemps arrive et son parfum

parce qu'il sait que l'homme est en lutte

jusqu'à atteindre la clarté la plus large.

C’est Cuba que les mineurs austraux voient,

les enfants solitaires de la pampa,

les bergers du froid en Patagonie,

les parents de l'étain et de l'argent,

ceux qui se marient à la cordillère

tirant le cuivre de Chuquicamata,

des hommes d'autobus dissimulés

dans des multitudes pures de nostalgie,

les femmes de champs et les femmes d'ateliers,

les enfants qui ont pleuré leurs enfances:

c’est cette coupe-ci, prends-la, Fidel.

Elle est pleine de tant et tant d'espoirs

Qu’en buvant tu sauras que ta victoire

est pareille au vieux vin de ma patrie:

il n’est pas fait par un homme mais plusieurs

pas par un seul raisin mais plusieurs plantes:

ce n’est pas une goutte mais plusieurs rivières:

pas un capitaine mais plusieurs batailles.

Ils sont avec toi car tu représentes

tout l'honneur de notre longue lutte

et si Cuba tombait nous tomberions,

et nous viendrions pour la soulever,

et si elle fleurit de toutes ses fleurs

elle fleurira de notre propre sève.

Et s'ils s’aventurent à toucher le front

de Cuba par tes mains libérée

ce sont les poings du peuple qu’ils trouveront,

nous sortirons les armes enterrées:

le sang et l'orgueil arriveront

pour défendre la Cuba la bien aimée.


Ñ

Pablo Neruda dans Canción de gesta, 1960, Traduction de M C

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