PHOTO SARA FACIO |
Comme de nuit, dans l'obscurité, la mer est jaune, j'ai soupçonné sans vérifier sa secrète invasion. Je trouvais dans le porte-parapluie, ou dans les douces oreilles de Marie Céleste des gouttes de mer métallique, atomes de son masque d'or. Parce que la mer est sèche de nuit. Elle a gardé sa dimension, son pouvoir, sa houle, mais elle s'est transformé en grande coupe d'air sonore, en un volume insaisissable qui s'est dépouillé de ses eaux. C’est pourquoi elle entre dans ma maison pour savoir ce que j'ai et combien j'ai. Elle entre de nuit, avant l'aube : tout reste dans la maison tranquille et saumâtre, les assiettes, les couteaux, les choses frottées par son contact sauvage n'ont rien perdu, mais elles ont eu peur quand la mer entra avec tous ses yeux de chat jaune.
C’est ainsi que j'ai perdu la clef, le chapeau, la tête.
L'océan les a emportés dans son va-et-vient. Un nouveau matin je les trouve. Parce qu’ils me sont rendus par une vague messagère qui dépose des choses perdues à ma porte.
Ainsi, par art de mer le matin m'a rendu la clef blanche de ma maison, mon chapeau ensablé, ma tête de naufragé.
Una
casa en la arena, dans « De
Arte de pájaros a El mar y
las campanas ». 1966-1973, page
107, Obras completas, tomo III. Galaxia Gutemberg, Barcelona, 2002.
Traduction M.C.
Bonjour,
RépondreSupprimerTrès intéressée par votre article, je suis à la recherche d'une traduction en français d'Una casa en la arena. Comme vous mettez en ligne une traduction de "la clé", savez-vous où je peux me procurer une traduction intégrale du livre ? Merci d'avance. Bien cordialement