[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PABLO NERUDA JEUNE, PHOTOGRAPHIE QUI APPARAÎT DANS « GENIO Y FIGURA DE PABLO NERUDA » ( GÉNIE ET FIGURE DE PABLO NERUDA ) DE MARGARITA AGUIRRE, EDITORIAL UNIVERSITARIA DE BUENOS AIRES, 1997. |
Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto a vu le jour le 12 juillet 1904 à Parral, petite ville au Sud du Chili. Très tôt, il adopte son pseudonyme Pablo Neruda pour cacher à son père cheminot ses aspirations poétiques. On suppose communément que le surnom est emprunté au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891). Le poète raconte que, feuilletant un journal, il tomba sur ce nom et fut immédiatement frappé par sa beauté phonétique.
Cependant, il n'a jamais précisé la provenance exacte du surnom et a toujours gardé le secret. Selon le nerudiste Enrique Robertson, le poète serait tombé sur une partition musicale où apparaissent en couverture, les noms de la violoniste Norman Neruda et de Pablo de Sarasate. Le poète aurait donc composé son nom d'après cela. Son enfance est profondément marquée par la découverte et le contact étroit de la nature, dans les forêts profondes du Sud pluvieux.
De 1910 à 1920, il fréquente le lycée pour garçons à Temuco, en Araucanie, et il a comme professeur Gabriela Mistral qui l'encourage à écrire des poèmes. C'est à treize ans déjà qu'il publie ses premiers poèmes et textes en prose. En 1921 il se rend à Santiago où il poursuit ses études orientées vers l'enseignement de la langue et la littérature françaises ainsi que la pédagogie. Pablo Neruda veut devenir professeur de français. Le poète commence dès lors à se faire une renommée grâce à ses publications. Il publie son premier livre Crépusculaire (Crepusculario) à dix-neuf ans, un an avant Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée (Veinte poemas de amor y una canción desesperada).
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
© PHOTO - LUIS POIROT
|
En 1927, Neruda entre au service diplomatique et il devient consul à Rangoon, Colombo, Batavia, Calcutta et Buenos Aires. En 1935 il est consul en Espagne où il noue une amitié avec le poète Federico Garcia Lorca, qui aura une influence considérable sur sa vie et sur son œuvre; il côtoie également Rafael Alberti et Jorge Guillén. Après le coup d'État fasciste de Franco le 18 juillet 1935 et l'assassinat de son ami Garcia Lorca, la carrière poétique de Neruda prend une autre dimension. En effet, il prend conscience que la poésie peut incarner une arme dans le combat pour la justice. Neruda se fait alors l'avocat de la République espagnole. Le gouvernement chilien de Arturo Alessandri décide de fermer le Consulat du Chili à Madrid, Neruda se voit donc dans l'obligation de quitter la capitale espagnole à la fin de l'année 1936. En 1937 il publie L’Espagne au cœur ( España en el corazón ). La même année, il fonde le « Comité hispano-américain pour le soutien à l'Espagne » à Paris.
En 1940, Neruda est nommé consul général au Mexique. On voit aisément l'influence exercée par la peinture des grands muralistes tels Orozco, Rivera et Siqueiros sur Le chant général (El canto general) qu'il compose à ce moment.
En 1945, le poète est élu sénateur des provinces minières du Nord du Chili et adhère au Parti communiste.
En 1946, Neruda prend la tête de la campagne électorale de Gabriel Gonzalez Videla qui s'avèrera être, après son élection, un dictateur violemment anti-communiste. Le poète répond par un discours au Sénat portant le célèbre titre J'accuse, d'Emile Zola. Les persécutions du président l'obligent alors à quitter le Chili et à se réfugier à l'étranger. Son exil le mènera en URSS, en Pologne, en Hongrie, en Italie mais aussi en Inde et au Mexique où paraîtra en 1950 son Chant général, œuvre immédiatement interdite au Chili.
En 1949, Neruda devient membre du Conseil mondial de la paix à Paris, et il obtient en 1950 le prix international de la paix avec Pablo Picasso. C'est à cette époque qu'il rencontre Matilde Urrutia, celle qui sera la femme de sa vie et qui lui inspire notamment La centaine d'amour (Cien sonetos de amor).
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PABLO NERUDA PENSIF À ISLA NEGRA AU CHILI 1969. PHOTO SARA FACIO. IMAGE RECADRÉE PAR ÉRIC ATLAN, POUR LE FILM « PABLO NERUDA » D’AMALIA ESCRIVA POUR UN SIÈCLE D'ÉCRIVAINS |
En 1965, Neruda est nommé « Doctor honoris causa » de l'université d'Oxford.
En 1969, le poète est désigné par le Parti communiste comme candidat aux élections présidentielles. Mais en janvier 1970, il retire sa candidature afin de permettre à un candidat unique de l'Unité Populaire, -à savoir Salvador Allende-, de se présenter. Après l'élection d'Allende en septembre 1970, Neruda accepte le poste d'ambassadeur en France.
Le 21 octobre 1971, Neruda obtient comme troisième écrivain d'Amérique latine, après Gabriela Mistral et Miguel Angel Asturias, la consécration du prix Nobel de littérature.
En 1972, Neruda prononce un discours devant le Pen Club International dénonçant le blocus américain contre le gouvernement de l'Unité Populaire au Chili. Le 20 novembre de la même année, le poète renonce à son poste et retourne au Chili avec Matilde où il est accueilli triomphalement par son peuple.
En 1973, le poète participe à la campagne pour les élections de mars en écrivant Incitation au nixonicide et éloge de la révolution chilienne (Incitación al nixonicidio y alabanza de la revolucion chilena).
Le 11 septembre 1973 un coup d'État militaire dirigé par Augusto Pinochet et soutenu par la CIA renverse le gouvernement de l'Unité Populaire. Allende meurt à la Moneda. La maison de Neruda à Santiago est saccagée et ses livres sont brûlés. Pablo Neruda suit son ami Allende dans la mort le 23 septembre à Santiago. Lors de ses obsèques, malgré une présence de l'armée, des chants révolutionnaires jaillissent de la foule et donnent lieu à la première manifestation de protestation contre la terreur dictatoriale.
La vie du poète semble donc indissociable de l'engagement politique qui a non seulement ponctué son existence mais surtout son œuvre. Neruda a mis son talent au service de la lutte sociale et de la justice, faisant preuve d'une grande générosité : « Je déclare ici que personne n'est passé près de moi qui ne m'ait partagé ».
Mélina Cariz
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire