Citation de Pablo Neruda

dimanche 4 novembre 2007

NERUDA, L'INDIVISIBLE


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À l’occasion du centenaire de la naissance de Pablo Neruda de nombreuses manifestations célèbrent la mémoire du poète un peu partout dans le monde.

Il est à regretter toutefois que le message que le poète s’est attaché à transmettre sa vie durant, nous parvienne, un siècle après sa naissance, si singulièrement brouillé, affadi, mutilé.

Attraction touristique ou simple faire valoir d’un pays à la recherche de figures triomphalistes, Neruda semble être devenu aujourd’hui  un produit d’exportation parmi d’autres, un produit dépouillé de ses «aspects troubles» et dûment adapté aux normes qui régissent aujourd’hui la circulation des marchandises et des idées.

La dimension politique de son œuvre, le combat social que le poète mena aux côtés des plus pauvres, semblent en effet heurter le discours dominant, et apparaissent comme autant de faux pas, d’errements, de zones d’ombre qu’il convient de passer sous silence afin de ne pas entacher la portée universelle de l’œuvre. Pour reprendre la formule lapidaire, et ô combien révélatrice, de l’ancien Président de la République du Chili, Ricardo Lagos : «Si la poésie le rendit immortel, la politique le rendit mortel.»

Faut-il rappeler que pour Neruda la poésie était dans son essence même politique, c’est-à-dire indéfiniment tournée vers les autres, et animée du même espoir «d’une vie plus humaine» ? Faut-il rappeler que la distinction entre poésie et politique était pour lui tout aussi dénuée de sens que celle qui oppose le «fond» et la «forme», l’ «âme et le corps» ?

Face à cette volonté d’épuration, à ce travail d’assainissement, il nous paraît essentiel de réaffirmer le caractère indivisible de l’œuvre et de la pensée de Neruda.


La politique n’est pas ce qui éloigne Neruda des sphères immortelles de la poésie, mais ce qui la prolonge jusqu’aux racines les plus profondes de notre être, au même titre que l’amour et les mille contingences biographiques, historiques, sociales auxquelles le poète, comme tout homme, est voué. C’est de cette source impure qu'émane sa poésie, et c’est parce qu’elle sait lui rester fidèle que chacun peut reconnaître en elle un écho de sa propre vérité mortelle, complexe, indivisible.

Inutile donc d’opposer l’auteur des Vingt poèmes d’amour à celui du Chant général, inutile d’oublier le sénateur et militant communiste au profit de l’aigle souverain qui «survole son pays» et «protège notre chemin». C’est le même homme, celui qui est capable de chanter les aspirations sociales d’un peuple avec les mots de l’amour et rendre le désespoir amoureux avec les mots de l’exil et de l’arrachement.


Association « Neruda Centenario »

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