Citation de Pablo Neruda
vendredi 29 février 2008
La rosa separada
Introducción en mi tema
A la Isla de Pascua y sus presencias
salgo, saciado de puertas y calles,
a buscar algo que allí no perdí.
El mes de enero, seco,
se parece a una espiga:
cuelga de Chile su luz amarilla
hasta que el mar lo borra
y yo salgo otra vez, a regresar.
Estatuas que la noche construyó
y desgranó en un círculo cerrado
para que no las viera sino el mar.
(Viajé a recuperarlas, a erigirlas
en mi domicilio desaparecido.)
Y aquí rodeado de presencias grises,
de blancura espacial, de movimiento
azul, agua marina, nubes, piedra,
recomienzo las vidas de mi vida.
Los hombres
Yo soy el peregrino
de Isla de Pascua, el caballero
extraño, vengo a golpear las puertas del silencio:
uno más de los que trae el aire
saltándose en un vuelo todo el mar:
aquí estoy, como los otros pesados peregrinos
que en inglés amamantan y levantan las ruinas:
egregios comensales del turismo, Iguales a Simbad
y a Cristóbal, sin más descubrimiento
que la cuenta del bar,
Me confieso: matamos
los veleros de cinco palos y carne agusanada,
matamos los libros pálidos de marinos menguantes,
nos trasladamos en gansos inmensos de aluminio,
correctamente sentados, bebiendo copas acidas,
descendiendo en hileras de estómagos amables.
Los hombres
Es la verdad del prólogo. Muerte al romanticón,
al experto en las incomunicaciones:
soy igual a la profesora de Colombia,
al rotario de Filadelfia, al comerciante
de Paysandú que juntó plata
para llegar aquí. Llegamos de calles diferentes,
de idiomas desiguales, al Silencio.
La isla
Antigua Rapa Nui, patria sin voz,
perdónanos a nosotros los parlanchines del inundo:
hemos venido de todas partes a escupir en tu lava,
llegamos llenos de conflictos, de divergencias, de sangre,
de llanto y digestiones, de guerras y duraznos,
en pequeñas hileras de inamistad, de sonrisas
hipócritas, reunidos por los dados del cielo
sobre la mesa de tu silencio.
Una vez más llegamos a mancillarte.
Saludo primero al cráter, a Ranu Raraku, a sus párpados
de légamo, a sus viejos labios verdes:
es ancho, y altos muros lo circulan, lo encierran,
pero el agua allá abajo, mezquina, sucia, negra,
vive, se comunica con la muerte
como una iguana inmóvil, soñolienta, escondida.
Yo, aprendiz de volcanes, conocí,
infante aún, las lenguas de Aconcagua,
el vómito encendido del volcán Tronador,
en la noche espantosa vi caer
la luz del Villarrica fulminando las vacas,
torrencial, abrasando plantas y campamentos,
crepitar derribando peñascos en la hoguera.
Pero si aquí me hubiera dejado mi infancia,
en este volcán muerto hace mil años,
en este Ranu Raraku, ombligo de la muerte,
habría aullado de terror y habría obedecido:
habría deslizado mi vida al silencio,
hubiera caído al miedo verde, a la boca del cráter desdentado,
transformándome en légamo, en lenguas de la iguana.
Silencio depositado en la cuenca, terror
de la boca lunaria, hay un minuto, una hora
pesada como si el tiempo detenido
se fuera a convertir en piedra inmensa:
es un momento, pronto
también disuelve el tiempo su nueva estatua imposible
y queda el día inmóvil, como un encarcelado
dentro del cráter, dentro de la cárcel del cráter,
adentro de los ojos de la iguana del cráter.
Los hombres
Somos torpes los transeúntes, nos atropellamos de codos,
de pies, de pantalones, de maletas,
bajamos del tren, del jet, de la nave, bajamos
con arrugados trajes y sombreros funestos.
Somos culpables, somos pecadores,
llegamos de hoteles estancados o de la paz industrial,
ésta es tal vez la última camisa limpia,
perdimos la corbata,
pero aun así, desquiciados, solemnes,
hijos de puta considerados en los mejores ambientes,
o simples taciturnos que no debemos nada a nadie,
somos los mismos y lo mismo frente al tiempo,
frente a la soledad: los pobres hombres
que se ganaron la vida y la muerte trabajando
de manera normal o burotrágica,
sentados o hacinados en las estaciones del metro,
en los barcos, las minas, los centros de estudio, las cárceles,
las universidades, las fábricas de cerveza
(debajo de la ropa la misma piel sedienta)
(el pelo, el mismo pelo, repartido en colores).
La rosa separada
[1971-1972]
mardi 26 février 2008
La rose détachée
J'INTRODUIS MON THÈME
me voici parti, rassasié de portes et de rues,
chercher ce que là-bas je n'ai jamais perdu
janvier le sec
présente une allure d'épi
sa clarté jaune pend au sol chilien,
pourtant, ce mois la mer finit par l'effacer
et je pars à nouveau, pour revenir un jour.
Statues que la nuit a construites
et égrenées en cercle clos
pour n'être vues que de la mer.
(l'ai voyagé pour les reprendre, les dresser
dans ma demeure disparue.)
Et ici, entouré de présences grisâtres,
de spatiale blancheur, de mouvement
bleu, d'eau marine, de nuages, de pierre,
je recommence à vivre les vies de ma vie.
I
LES HOMMES
Je suis le voyageur
en route pour l'île de Pâques, l'étranger
venu cogner aux portes du silence :
un de plus parmi ceux que l'air apporte
en sautant d'un seul vol la mer, toute la mer :
je suis ici comme les autres visiteurs, ces gens sinistres
qui en anglais allaitent et relèvent les ruines :
ces commensaux illustres du tourisme, ces émules
de Simbad ou Colomb, sans autre découverte
que la note du bar.
Je l'avoue, oui : nous avons tué
les grands voiliers, les cinq-mâts, la viande et ses vers,
nous avons tué les livres pâles des marins sur le déclin,
nous voyageons dans de gros jars d'aluminium,
correctement assis, buvant des jus acidulés,
atterrissant en files d'estomacs aimables.
II
LES HOMMES
Voici le prologue en sa vérité. Mort à l'hypersentimental,
au champion du retranchement
je ressemble à l'enseignante de Colombie,
au membre du Rotary de Philadelphie, au boutiquier
de Paysandú, lequel a vidé son bas de laine
pour venir jusqu'ici. De nos rues différentes,
de nos langages dissemblables, au Silence nous arrivons.
III
L'île
Antique Rapa Nui, patrie sans voix,
pardonne aux bavards de ce monde que .tous sommes :
nous voici venus de partout pour cracher sur ta lave,
nous arrivons avec notre plein de conflits, d'oppositions,
de sang,
de larmes et de digestions, de guerres, de brugnons,
en petits rangs d'inimitié, l'hypocrisie
dans nos sourires, réunis par les dés du ciel
sur l'échiquier de ton silence.
A nouveau revenus pour te souiller.
Je salue d'abord le cratère, Ranu Raraku, ses paupières
de glaise, le vert de ses lèvres anciennes :
spacieux, de hauts murs l'encerclent, l'enserrent,
mais l'eau d'en bas, mesquine, sale, noire,
vit, elle communique avec la mort
comme l'iguane qui ne bouge et somnole en sa cache.
Moi qui fus apprenti en volcans, j'ai connu,
encore enfant, les langues de l'Aconcagua,
la vomissure incandescente du mont Tronador,
une nuit de frayeur, j'ai vu s'abattre
la clarté du Villarrica, foudroyant boeufs et vaches,
son torrent embrasant les plantes, les abris,
crépiter, renversant rocs et rochers dans son brasier.
Pourtant, si mon enfance ici m'avait laissé,
dans ce volcan mort il y a mille ans,
dans ce Ranu Raraku, nombril de la mort,
en hurlant de terreur je me serais soumis :
j'aurais laissé glisser ma vie au milieu du silence,
j'aurais roulé dans la peur verte, la gueule édentée du
cratère,
mué en argile, mué en langues de l'iguane.
Silence déposé au creux du creux, terreur
de la bouche lunaire, il est une minute, une heure
lourde comme si le temps arrêté
allait se transformer en pierre immense :
c'est un moment, soudain
le temps dissout sa nouvelle et impossible statue
et le jour demeure immobile, comme un prisonnier
dans le cratère, en cette geôle du cratère,
dans les yeux de l'iguane du cratère.
IV
LES HOMMES
Nous sommes des passagers maladroits qui jouent du coude,
du pied, du pantalon, de la valise,
nous descendons du train, du jet ou du bateau,
avec des vêtements fripés et des chapeaux funestes.
Nous transportons la faute, le péché,
nous arrivons des hôtels confinés ou de la paix industrielle,
c'est peut-être notre dernière chemise propre,
plus de cravate, nous l'avons perdue,
mais de toute façon hébétés, solennels,
fils de putain prisés dans les plus beaux endroits
ou simples taciturnes qui ne doivent rien à personne,
nous sommes semblants et semblables face au temps,
face à la solitude : les pauvres humains
qui ont gagné leur vie et leur mort au travail
normalement, disons bureautragiquement,
assis ou entassés sur les quais du métro,
dans les bateaux, les mines, les centres d'études, les prisons,
les universités, les brasseries,
(la même peau avec sa soif sous notre linge),
(les cheveux, les mêmes cheveux, sous les variantes des couleurs).
La rose détachée et autres poèmes ,
Poèsie/Gallimard
Traduction de Calude Couffon
dimanche 24 février 2008
NERUDA, EL INDIVISIBLE
samedi 9 février 2008
Presentación
OSCAR WILDE PHOTO GETTY IMAGES |
En el año 2004, celebrábamos el centenario del nacimiento del poeta con la actividad «Neruda Centenario». Este blog se inscribe en la continuidad de ésta. Su finalidad es difundir la obra y la vida del poeta chileno ante el público francófono.
Paseo imaginario, usted encuentra un anuncio, un libro o sobre el nuevo álbum de su grupo favorito. Le invitamos a dar un paseo análogo y virtual, a través de la obra nerudiana. Entonces siga los lazos con un clic de ratón...
Buen paseo