Le film retrace les principaux moments de la traversée Bordeaux-Valparaiso, avec pour passagers du navire près de deux mille réfugiés espagnols républicains, rescapés de la terrible guerre civile qui les a frappés. Documentaire de 52 minutes adapté du film de Lala Goma et Xavier Montanya, et coproduit avec Au Large de l’Eden. Diffusion La Cinquième le 15 juillet 2001.
Le film retrace les principaux moments de la traversée Bordeaux-Valparaiso, avec pour passagers du navire près de deux mille réfugiés espagnols républicains, rescapés de la terrible guerre civile qui les a frappés. Documentaire de 52 minutes adapté du film de Lala Goma et Xavier Montanya, et coproduit avec Au Large de l’Eden. Diffusion La Cinquième le 15 juillet 2001.
Ñ
Et je les mis sur mon bateau.
C'était en plein jour et la France
eut cette fois sa robe d'apparat
quotidienne,
il y avait
la clarté du vin et de l'air
dans sa tunique de déesse forestière.
Mon navire attendait avec
son nom lointain
« Winnipeg »
collé à la jetée du jardin embrasé,
aux vieux raisins obstinés de l'Europe.
Pourtant mes Espagnols ne venaient pas
de Versailles,
du bal argenté,
des tapis anciens, amarante,
des coupes qui trillent
avec le vin,
non, ils ne venaient pas de là,
non, ils ne venaient pas de là.
De plus loin,
des camps et des maisons d'arrêt,
des sables noirs
du Sahara,
des cachettes inclémentes
où ils gisaient
dans la faim et la nudité,
là vers
mon bateau clair,
vers mon navire à l'ancre, vers l'espoir
ils accoururent l'un après l'autre
à mon appel, de leurs prisons,
des forteresses
d'une France qui chancelait,
par ma bouche appelés
ils accoururent,
«Saavedra», dis-je, et je vis venir le maçon,
«Zuñiga» dis-je, et «Zuñiga» était présent,
«Roces», et Roces arriva avec son sourire sévère,
je criai «Alberti !», et la poésie accourut
avec ses mains de quartz.
Paysans, menuisiers.
pêcheurs,
tourneurs, mécaniciens,
potiers,
tanneurs :
comme il se peuplait le bateau
qui s'en allait vers ma patrie.
Je sentais dans mes doigts
les graines
de l'Espagne
que je rachetai, que je répandis
sur la mer, destinées
à la paix
des prairies.
MÉMORIAL DE L'ÎLE NOIRE suivi d'ENCORE [1977], trad. de l'espagnol par Claude Couffon , pages 121-123. Collection Poésie/Gallimard. Première édition, [1970], Collection Du monde entier, Gallimard -poes.
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