PABLO NERUDA EN 1949, QUAND IL SORT DU CHILI EN CROISANT CLANDESTINEMENT LA CORDILLÈRE DES ANDES. PHOTOGRAPHIE JORGE BELLET |
Il fuyait ainsi la persécution engagée contre lui par le gouvernement de Gabriel González Videla l'année antérieure. González Videla, président du Chili de 1946 à 1952, est arrivé au pouvoir à la tête d'une coalition, l'Alliance Démocratique du Chili (1941 et 1946) composée du Parti radical, du Parti démocrate, du Parti socialiste, du Parti démocratique, du Parti communiste du Chili (PCCh) et du Parti socialiste des Travailleurs (jusqu’en juin 1944, quand ses militants s'incorporent au PCCh). Cette alliance a été aussi appuyée par la Confédération de Travailleurs du Chili.
Le Parti communiste obtint trois ministres dans le gouvernement : Carlos Contreras Labarca, Miguel Concha y Víctor Contreras Tapia. Une fois l'alliance politique rompue, les communistes se retirent du gouvernement en Avril 1947.
À la fin des années 40 on vivait dans le monde un moment historique particulier : c'est le commencement de ce que Walter Lippmann a nommé The Cold War, "guerre froide". C’est aussi le commencement d'une période singulière de l'histoire américaine, la Red Scare - la Terreur Rouge - ou "maccarthisme", période inquisitoriale dirigée par la commission sénatoriale Joseph McCarthy, qui consistait en un harcèlement systématique des militants ou des sympathisants communistes, ou d’éventuels agents de l'Union soviétique aux États-Unis.
Le maccarthisme a eu son corrélat au Chili, la dénommée "Loi de Défense permanente de la Démocratie" ou "Loi maudite", dont le but était de proscrire la participation politique du PCCh et de l’exclure de la vie civique nationale.
On fête, en effet, les 60 ans de cette expatriation de Neruda par le passage de Lilpela, un raccourci des contrebandiers dans la cordillère. Cette aventure est restée gravée à jamais dans la mémoire du poète, au point qu'à Stockholm, après avoir prononcé en 1971 son discours de remerciement au Prix Nobel de Littérature, il évoqua avec détails cet épisode.
La réapparition publique de Neruda a eu lieu en Europe, durant le premier Congrès international des Partisans de la Paix, à Paris, le 20 avril 1949, dans la salle Pleyel, ainsi qu’à la réunion postérieure dans le stade vélodrome Buffalo, à Montrouge, le 24 avril 1949.
Le voyage a fini par faire partie du patrimoine national chilien et possède aujourd'hui tous les ingrédients d'une légende. Les détails du voyage et les péripéties de la clandestinité ont été consignés par quelques écrivains et par le poète lui même à plusieurs reprises dans son œuvre.
Il existe actuellement, un "itinéraire touristique", nommé Route de Neruda, qui parcourt les principaux lieux dans lesquels le poète a été caché jusqu'à passer la frontière vers l'Argentine.
Il serait cependant lamentable que le message du poète, qu'il s'est obstiné à nous transmettre durant toute sa vie, que ses mots, nous parviennent un siècle plus tard limités à une étroite dimension folklorique, comme une banale attraction touristique ou la simple promotion d'un pays à la recherche de figures triomphalistes.
Ne permettons pas que Neruda soit changé en un produit d'exportation de plus, un produit dépouillé de ses "aspects troubles" et dûment adapté aux normes qui régissent aujourd'hui la circulation des marchandises et des idées.
La vaste dimension politique de son oeuvre, le combat humaniste et social que le poète menait auprès des pauvres de la terre, se heurtent en effet au discours dominant, et apparaissent comme de simples faux pas, comme des erreurs, des zones d’ombre qu'il vaut mieux taire ou dissimuler, pour ne pas gêner la portée universelle de l'oeuvre.
Reportage aux trois ministres communistes.
Revue Vea Santiago, n ° 396, (13 nov. 1946), p. 2
Le Parti communiste obtint trois ministres dans le gouvernement : Carlos Contreras Labarca, Miguel Concha y Víctor Contreras Tapia. Une fois l'alliance politique rompue, les communistes se retirent du gouvernement en Avril 1947.
PABLO NERUDA DANS LA CLANDESTINITÉ . PHOTO JORGE BELLET |
À la fin des années 40 on vivait dans le monde un moment historique particulier : c'est le commencement de ce que Walter Lippmann a nommé The Cold War, "guerre froide". C’est aussi le commencement d'une période singulière de l'histoire américaine, la Red Scare - la Terreur Rouge - ou "maccarthisme", période inquisitoriale dirigée par la commission sénatoriale Joseph McCarthy, qui consistait en un harcèlement systématique des militants ou des sympathisants communistes, ou d’éventuels agents de l'Union soviétique aux États-Unis.
Le maccarthisme a eu son corrélat au Chili, la dénommée "Loi de Défense permanente de la Démocratie" ou "Loi maudite", dont le but était de proscrire la participation politique du PCCh et de l’exclure de la vie civique nationale.
Fausse identité utilisée par le sénateur Neruda durant sa clandestinité
On fête, en effet, les 60 ans de cette expatriation de Neruda par le passage de Lilpela, un raccourci des contrebandiers dans la cordillère. Cette aventure est restée gravée à jamais dans la mémoire du poète, au point qu'à Stockholm, après avoir prononcé en 1971 son discours de remerciement au Prix Nobel de Littérature, il évoqua avec détails cet épisode.
La réapparition publique de Neruda a eu lieu en Europe, durant le premier Congrès international des Partisans de la Paix, à Paris, le 20 avril 1949, dans la salle Pleyel, ainsi qu’à la réunion postérieure dans le stade vélodrome Buffalo, à Montrouge, le 24 avril 1949.
Le voyage a fini par faire partie du patrimoine national chilien et possède aujourd'hui tous les ingrédients d'une légende. Les détails du voyage et les péripéties de la clandestinité ont été consignés par quelques écrivains et par le poète lui même à plusieurs reprises dans son œuvre.
Il existe actuellement, un "itinéraire touristique", nommé Route de Neruda, qui parcourt les principaux lieux dans lesquels le poète a été caché jusqu'à passer la frontière vers l'Argentine.
Il serait cependant lamentable que le message du poète, qu'il s'est obstiné à nous transmettre durant toute sa vie, que ses mots, nous parviennent un siècle plus tard limités à une étroite dimension folklorique, comme une banale attraction touristique ou la simple promotion d'un pays à la recherche de figures triomphalistes.
Ne permettons pas que Neruda soit changé en un produit d'exportation de plus, un produit dépouillé de ses "aspects troubles" et dûment adapté aux normes qui régissent aujourd'hui la circulation des marchandises et des idées.
La vaste dimension politique de son oeuvre, le combat humaniste et social que le poète menait auprès des pauvres de la terre, se heurtent en effet au discours dominant, et apparaissent comme de simples faux pas, comme des erreurs, des zones d’ombre qu'il vaut mieux taire ou dissimuler, pour ne pas gêner la portée universelle de l'oeuvre.
Nous vous invitons à lire ou à relire le Neruda intégral, sans doute intime et familier, mais également immergé dans son contexte historique, et indissociable de son engagement politique inaltérable, qui a caractérisé son œuvre du début à la fin.
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