Citation de Pablo Neruda

vendredi 14 décembre 2012

UN CONGRÈS À MADRID

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LOUIS ARAGON, (1897 – 1982). ÉCRIVAIN FRANÇAIS. VERS 1940.  PHOTO AKG – IMAGES

La guerre d'Espagne allait de mal en pis mais l'esprit de résistance du peuple espagnol avait gagné le monde entier. Les brigades de volontaires internationaux combattaient maintenant en Espagne. Je les vis arriver à Madrid - c'était encore en 1936 - portant déjà l'uniforme. Des hommes, beaucoup d'hommes de tous les âges, de tous les types, de toutes les couleurs. 

En 1937, nous étions à Paris, et notre principale activité était la préparation d'un congrès mondial d'écrivains antifascistes qui devait se tenir à Madrid.

C'est là que je commençai à connaître Aragon. Ce qui me surprit d'abord chez lui c'était son incroyable capacité de travail et d'organisation. Il dictait toutes les lettres, les corrigeait, s'en souvenait. Pas un détail ne lui échappait. Il restait de longues heures à travailler dans notre petit bureau. Et après, on le sait, il écrit de gros livres en prose et sa poésie est la plus belle de la langue française. Je l'ai vu corriger les épreuves de traductions qu'il venait de faire du russe et de l'anglais, et les refaire sur le même papier d'imprimerie. Il s'agit, en vérité, d'un homme prodigieux, et je m'en rendis compte dès cette époque. 

J'avais perdu mon poste de consul et, par conséquent, je n'avais pas un centime. Je commençai à travailler, pour quatre cents francs par mois, dans une association de défense de la culture que dirigeait Aragon. Délia del Carril, ma femme d'alors et de tant d'années, a toujours eu la réputation d'être une riche propriétaire foncière, mais je dois avouer qu'elle était plus pauvre que moi. Nous vivions dans un hôtel borgne dont tout le premier étage était réservé aux couples de rencontre qui entraient et sortaient.  


Extrait de J'avoue que j'ai vécu de Pablo Neruda. Traduit par Claude Couffon. Éditions Gallimard, collection "Folio" page 195

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