Citation de Pablo Neruda

lundi 23 février 2015

HENRI MARTIN

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CAMPAGNE « ACQUITTEZ HENRI MARTIN !  »
RECTO CARTE POSTALE QUI DÉNONCE 
L'« AFFAIRE HENRI MARTIN »



Henri Martin écoute
la rumeur
que produisent la peur et le sang.

Dans sa prison de France
il entend
les drapeaux de la forêt.
Les siens meurent
inutilement,
pourrissent, sont emportés par
des scarabées couleur d'étain.
des enfants de France
Tombent
là-bas loin.
Pourquoi ?
Henri Martin s'est opposé
à la boucherie
sans gloire,
et maintenant
avec des habits rayés,
portant un numéro,
il travaille emprisonné
le radieux
honneur de France.
Pour débarquer avec une averse
chaude, entre les
mouches,
tanks et pustules,
malédictions, malheurs,
pour débarquer
des garçons
nés de la rose
de France,
fils
du jasmin et des raisins,
pour les tuer,
pour les décorer
et les assassiner,
le gouvernaillon
de la France
doit crucifier l'honneur,
l'emprisonner,
lui mettre des habits rayés,
lui mettre un numéro,
il doit industrialiser sa porcherie
pour le vendre
aux cowboys de Washington,
il doit briser les os
de l'ancestral 
honneur jamais éteint.

Pour cela
Henri Martin,
radiant,
indomptable
à travers les barres
qu’emprisonnent
les yeux tricolores
de son peuple,
regarde
comment tombe
le sang dans les marécages,
là-bas loin,
sans gloire,
sous les ailes torrides,
et les scarabées
avec ses petites
bouches d'étain
en transportant
aux terriers humides,
des hommes,
des fragments de garçons,
la force et la douceur
de la France
sacrifiée
pour que les cowboys
de Philadelphie
dansent avec la très douce épouse
de l'ambassadeur de la France.
Henri Martin : le trèfle
du pâturage matinal,
les choses les plus humbles,
l’établi
du menuisier,
la fleur bleue sans nom
entre les pierres,
le terrible
vent sulfurique
de Chuquicamata dans la nuit,
les hommes
entassés
dans les mines,
le pain,
le guérillero
de notre douloureuse,
maternelle, malheureuse,
héroïque
Grèce d'aujourd'hui,
tout
ce qui est modeste,
ce qui, sans apprendre et sans le connaître,
chante dans toutes les terres et les rivières,
tout
te salue,
Henri Martin, frère
de tout ce qui existe, frère
de la clarté et du rêve,
frère
de la rectitude et du jour,
frère
de toute l'espérance,
marin.
Je passe et vois le monde.
J'ai été là,
là où tu as été.
Je connais
le sang et la mort.
Pour cela, parce que tu es
le frère
de la vie,
Henri Martin, honneur
de la France, feuille
du plus haut chêne,
laurier des prairies,
héros
de la paix et de la pureté,
je te salue
avec la simplicité
du sable et la neige
de ma patrie distante.



Traduit de l’espagnol par M.C.




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CAMPAGNE « ACQUITTEZ HENRI MARTIN !  » 
VERSO CARTE POSTALE QUI DÉNONCE 
L'« AFFAIRE HENRI MARTIN »
Poème « Henri Martin » dans Canto general,  De « Crepusculario » a « Las uvas y el viento ». 1923-1954,  (Obras completas, tomo I) pages 1092-1095, Edición de Hernán Loyola. Galaxia Gutemberg, Barcelona, 1999.   



SUR LE MÊME SUJET :

jeudi 19 février 2015

HENRI MARTIN

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PORTRAIT D'HENRI MARTIN. PABLO PICASSO
Henri Martín escucha
el rumor
que hacen el miedo y la sangre.

En su prisión de Francia
oye
las banderas del bosque.
Los suyos mueren
inútilmente,
se pudren, se los llevan
escarabajos color de estaño.
Caen
hijos de Francia
allá lejos.
Por qué?
Henri Martin se opuso
a la carnicería
sin gloria,
y ahora
con un traje rayado,
con un número a cuestas,
trabaja encarcelado
el radiante
honor de Francia.
Para desembarcar con aguacero caliente, 
entre las moscas,
tanques y pústulas,
maldiciones, desgracias,
para desembarcar
muchachos
nacidos de la rosa
de Francia,
hijos
del jazmín y las uvas,
para matarlos,
para condecorarlos
y asesinarlos,
el gobiernillo
de Francia
debe crucificar el honor,
encarcelarlo,
ponerle traje a rayas,
numerarlo,
debe industrializar su estercolero
para venderlo
a los cowboys de Washington,
debe romper los huesos
del antiguo
honor nunca extinguido.

Por eso
Henri Martín,
radiante,
indomable
a través de las barras
que aprisionan
los ojos tricolores
de su pueblo,
mira
cómo cae
la sangre en los pantanos,
allá lejos,
sin gloria,
bajo las alas tórridas,
y los escarabajos
con sus pequeñas
bocas de estaño
acarreando
a las húmedas madrigueras,
hombres,
fragmentos de muchachos,
la fuerza y la dulzura
de Francia
sacrificada
para que los cowboys
de Filadelfia
bailen con la suavísima señora
del embajador de Francia.
Henri Martin: el trébol
del pasto matutino,
las cosas más humildes,
el banco
del carpintero,
la flor azul sin nombre
entre las piedras,
el terrible
viento sulfúrico
de Chuquicamata en la noche,
los hombres
hacinados
en las minas,
el pan,
el guerrillero
de nuestra dolorosa,
materna, desdichada,
heroica
Grecia de hoy,
todo
lo sencillo,
lo que sin aprender y sin saberlo
canta en todas las tierras y los ríos,
todo
te saluda,
Henri Martin, hermano
de cuanto existe, hermano
de la claridad y del sueño,
hermano
de la rectitud y del día,
hermano
de toda la esperanza,
marinero.
Yo paso y veo el mundo.
Allí estuve,
allí donde estuviste.
Conozco
la sangre y la muerte.
Por eso, porque eres
el hermano
de la vida,
Henri Martin, honor
de Francia, hoja
de la más alta encina,
laurel de las praderas,
héroe
de la paz y de la pureza,
te saludo
con la simplicidad
de la arena y la nieve
de mi patria distante.


poema « Henri Martin » en Canto general,  De « Crepusculario » a « Las uvas y el viento ». 1923-1954,  (Obras completas, tomo I) pages 1092-1095, Edición de Hernán Loyola. Galaxia Gutemberg, Barcelona, 1999.   





HENRI MARTIN EST DÉCÉDÉ

HENRI MARTIN. PHOTO L'HUMANITÉ
 Résistant, communiste, anticolonialiste, Henri Martin a passé plus de trois ans en prison pour son engagement contre la guerre d'Indochine, avant d'être libéré puis gracié à l'issu d'une grande campagne pour sa libération. Herni Martin est décédé dans la nuit du 16 au 17 février. Il était né en 1927 à Lunery, dans le Cher.


En 1945, lorsque le territoire métropolitain est à peine libéré, Henri Martin, jeune communiste dès seize ans, maquisard FTP à dix-sept, s’engage dans la marine. Appelé en Indochine, il est persuadé qu’il va affronter l’armée japonaise, alliée des nazis. Mais, lorsqu’il arrive sur place, les Japonais sont déjà désarmés, et il est témoin, à son corps défendant, des premiers combats contre le Viêt-minh. 

C’est à ce moment seulement qu’il entend parler, pour la première fois, d’un certain Ho Chi Minh et de l’indépendance, nouvellement proclamée, du Vietnam. De retour en France, il est affecté à l’arsenal de Toulon. Pour lui, il reste, sous l’uniforme, un citoyen. Il commence donc un travail d’intense propagande au sein de l’armée : distributions de tracts, de la presse anti-guerre, inscriptions à la peinture, etc. 

Ce qui devait arriver arrive : Henri est arrêté par la gendarmerie militaire le 14 mars 1950. En plus des motifs classiques, atteinte au moral de la nation, agitation politique illégale au sein de bâtiments militaires, l’accusation veut lui mettre sur le dos un acte de sabotage. 

Lors du procès, l’édifice s’écroulera, et Henri sera définitivement lavé de cette indignité par le jury, pourtant militaire. Restera, donc, un procès politique, et seulement politique. Pour cette seule activité, certes interdite, le jeune marin va être condamné à cinq années de prison ! Il en fera finalement plus de trois, avant d’être gracié (de mauvaise… grâce) par le président Auriol, en août 1953.